Interview "les éternels"
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Interview "les éternels"
Voilà une interview assez intéressante du site : http://www.leseternels.net
Cosmic Camel Clash : Vous avez enregistré Night Electric Night avec un producteur connu : Stefan Glaumann, qui a travaillé avec Rammstein...
Whiplasher : (m'interrompant) Il n'a pas produit l'album, nous avons tout enregistré nous-mêmes... il l'a mixé par contre, c'est ce qu'il fait en général. Il a bossé avec Rammstein mais aussi avec beaucoup d'autres... nous l'avons choisi pour tous nos albums mais il n'intervient qu'au stade final du mix. Tout le reste a été fait par nous... c'est le collaborateur rêvé pour nous, c'est une légende en Suède car il y a signé le premier groupe punk local. Et nous sommes très fans de la scène punk suédoise... ce type est une institution en Suède, il a fondé le premier label punk du pays. C'était un choix évident.
Cosmic Camel Clash : Un aspect frappant de votre musique, c'est qu'à partir d'éléments sombres et mélancoliques vous créez des chansons hyper catchy qui font taper du pied et dont on retient les refrains. C'était un objectif conscient ?
Whiplasher : Oui, bien sûr,il fallait qu'il y ait ce bon groove. Il y a ce mélange entre des sujets graves, le sérieux extrême que nous mettons dans la composition et le fait que le résultat doit être agréable à entendre. C'est aussi du divertissement et nous sommes très sensibles à ce côté glamour qui est également présent dans notre musique. Je ne pourrais jamais apprécier une musique qui donne uniquement envie de s'asseoir et de pleurer, il faut qu'elle apporte du plaisir même si elle est sombre. C'est un paradoxe qui est très important pour nous, la coexistence de la noirceur et d'un côté très entraînant. C'est divertissant et ça donne envie aux gens d'enlever leurs vêtements, donc ça nous va.
Cosmic Camel Clash : Penses-tu que si on se cantonne à utiliser une énergie uniquement positive, ou au contraire uniquement négative, on devient automatiquement ennuyeux ?
Whiplasher : Absolument, car ce faisant tu tombes dans un status quo. Je ne trouve pas ça intéressant et ça me paraît être une règle de narration de base : on ne peut pas faire de la bonne fiction sans ça, il faut absolument s'intéresser à un conflit interne à un moment donné. Si on ne passe pas par un conflit interne on ne progresse pas dans son existence, et si on ne progresse pas dans son existence on n'a pas d'avenir. On n'évolue pas en tant que personne. Nous insufflons une dose de glamour dans la noirceur car ça permet de grandir. Quand je me sens super heureux et en harmonie totale avec ce qui m'entoure, je ne ressens pas le besoin de m'asseoir et d'écrire à propos de mon ressenti car le moment que je vis ne crée aucun conflit. Pour moi composer de la musique revient à tenter de se comprendre soi-même ainsi que les autres en utilisant la musique comme un outil à cette fin. Toute l'idée est d'utiliser ses conflits internes et les questions qu'on se pose sur soi-même pour s'épanouir en tant que personne et devenir meilleur. Dans Deathstars l'idée n'est pas de faire face à sa noirceur et de la vaincre : tout est dans l'idée de faiblesse, d'autocritique... beaucoup de gens ne saisissent pas cet aspect à cause du côté massif de notre son mais le coeur de notre démarche est là.
Cosmic Camel Clash : Il y a sur l'album des chansons qui ne s'inscrivent pas dans ce son massif justement, comme "Via the End", et qui sont plus intimistes. Est-ce parce que les sujets traités sont plus intimes voire autobiographiques ?
Whiplasher : Cette chanson est très différente des autres. Nous n'avions jamais sorti de chanson aussi personnelle, à cause du sujet dont elle traite. Je ne sais pas si tu es au courant, notre guitariste Nightmare Industries (alias Emil Nödtveidt) a perdu son frère qui s'est suicidé. C'était le leader de Dissection et une icône de la scène death metal...
Cosmic Camel Clash : Oui, je sais pour Jon (Nödtveidt).
Whiplasher : C'était pour nous tous un ami proche, et sa mort a complètement chamboulé Emil. Il s'est assis le soir de la mort de son frère et s'est mis à écrire cette chanson. Il m'a dit ensuite être incapable de se souvenir exactement de comment il s'y était pris : il a écrit tout ça dans un état second, c'était proche de l'écriture automatique. Quand il me l'a envoyée je ne savais qu'il l'avait écrite dans ces circonstances et cet état d'esprit. J'avais moi-même écrit des paroles sur ce sujet donc ça confinait à la télépathie. C'est la chanson la plus personnelle de notre carrière, une chanson qui restera à jamais à part car elle est totalement dépourvue d'artifices. Toutes nos chansons sont personnelles, elles parlent toutes de nos vies... mais il y a toujours une distance, une forme d'humour noir, de cynisme. Mais dans "Via the End" c'est du premier degré pur, ça vient du coeur. Je ne sais pas si nous la jouerons live un jour...
Cosmic Camel Clash : J'allais justement te poser la question. Tu penses qu'elle collerait dans une set-list de concert ?
Whiplasher : Non. J'ai du mal à l'imaginer... à moins que nous ne donnions un concert acoustique, avec uniquement un piano et ma voix. En tous cas ça ne collerait pas dans une ambiance glam.
Cosmic Camel Clash : Sans parler du fait que partager quelque chose de tellement intime avec une foule métalleux ne va pas de soi...
Whiplasher : Justement, j'ai écrit deux versions des paroles pour cette chanson. J'avais chanter la première version à Emil, et au bout d'une semaine je lui ai proposé une version alternative du texte car je trouvais la première trop personnelle. Il a refusé. Il était très important pour lui que ça reste authentique... pour le reste je ne sais pas, je ne peux du tout dire comment ça fonctionnerait live. C'est trop déprimant (rires).
Cosmic Camel Clash : Tu m'as dit qu'écrire de la musique est un moyen pour toi de t'épanouir en tant que personne. Est-ce que ça te réussit ?
Whiplasher : Parfois ça peut être... (silence)... traiter les sujets qui t'obsèdent peut être très destructeur, et ce qui nous intéresse le plus est l'aspect sombre de la musique... je ne sais pas, c'est juste une tendance... Pour des raisons évidentes nous avons tous joué dans des formations de black metal et cette dimension nous attire... bref, ça nous apporte quelque chose, bien sûr. Je ne le ferais pas si ça ne me donnait pas l'impression de progresser. C'est vital pour moi d'écrire de le musique et je ne pourrais pas... (silence) j'écris aussi pour des groupes de rock, j'écris des chansons pop mais tout ça est toujours teinté de noir. Ce sont juste mes goûts et oui, ça me permet de me connaître beaucoup mieux. C'est important.
Cosmic Camel Clash : J'ai lu dans la bio du groupe que Deathstars est interdit d'antenne sur certaines chaînes télé? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
Whiplasher : C'est à propos de notre premier clip qui a fait couler beaucoup d'encre en Suède. Les gens ont pensé que nous étions violemment contre l'avortement et des parents furieux ont contacté les chaînes qui avaient diffusé la clip. Je ne pense pas que nous soyons apparus sur la télévision publique depuis (rires) !
Cosmic Camel Clash : C'était un malentendu, donc.
Whiplasher : Oui, oui. Tout le monde se fait des idées fausses sur nous, nous prenons ça pour acquis désormais (rires).
Cosmic Camel Clash : Vous avez tourné avec Korn, ce qui signifie forcément des salles immenses. Quel a été votre impression par rapport à une tournée normale ?
Whiplasher : Ca nous a semble plus naturel que nos autres tournées, je pense que nous sommes vraiment à notre place dans des arènes et des stades. Tous les membres du groupe se sentent plus relax quand nous jouons devant dix mille personnes, je pense qu'il est beaucoup plus difficile de jouer pour un public de cent personnes. De plus je pense que l'affiche était bonne, nous avons très bien fonctionné face à une foule qui ne nous était pas acquise. Nous avons aimé cette démarche du type « okay, on va convaincre ces mecs que nous tuons ! ». Nous adorons ce genre de challenge et nous avons été épatés que ça se passe aussi bien, que personne ne nous hue. En fait je pense que nous avons été plus hués et sifflés lors de la tournée avec Cradle of Filth ! La tournée avec Korn a été un vrai succès, les gens nous ont appréciés. C'est notre meilleure tournée à ce jour.
Cosmic Camel Clash : En parlant de Korn, vous avez publié des photos promos avec vous dans des sacs d'autopsie. Est-ce une référence au clip de "A.D.I.D.A.S" ?
Whiplasher : Je ne l'ai jamais vu ! En fait je n'avais jamais écouté Korn avant la tournée.
Cosmic Camel Clash : Ah bon ?!?
Whiplasher : Non, jamais ! La seule chose que je connaissais d'eux était ce clip en dessin animé qu'ils ont réalisé, je ne sais même pas le nom de la chanson. Il y avait une balle de revolver qui le traversait...
Cosmic Camel Clash (le coupant) C'est "Freak on a Leash".
Whiplasher : Voilà ! C'est le seul truc de Korn que je connaissais. Mais Jonathan Davis est un fan de Deathstars donc il a demandé à son manager de contacter le nôtre. Il nous voulait sur la tournée car il aime vraiment ce que nous faisons. C'était une invitation personnelle de sa part et nous sommes devenus bons amis depuis, il voulait même que nous venions enregistrer dans leur studio. Nous sommes toujours en contact. J'espère les revoir bientôt, c'était une super tournée.
Cosmic Camel Clash : Et as-tu apprécié leur musique du coup ?
Whiplasher : Oui. Le fait que je ne la connaisse pas à l'avance a forcément joué, mais j'ai vraiment beaucoup aimé ce qu'ils font. Et il y a le fait que plus j'apprenais à connaître Jonathan, plus je le respectais. Il est cool, c'est un type hyper sociable, super relax dans tout ce qu'il fait même quand il y a une centaine de personnes autour de lui. Il ne boit pas ni rien du genre, mais il sert des verres à tout le monde ! C'est un type fantastique, un modèle pour moi.
Cosmic Camel Clash : J'ai été surpris de lire ici et là sur le Net que ta voix était soi-disant similaire à celle de Till, le chanteur de Rammstein. Est-ce que tu as lu ça aussi ? Tu es d'accord ? Moi pas...
Whiplasher : Non, je n'ai pas entendu parler de ça. J'ai lu que le son des guitares était proche, mais je ne trouve pas du tout que nos voix sont similaires. J'adore Rammstein, mais... en parlant du chant, quand nous avons enregistré le premier album, je chantais dans un style plus rock sur toutes les chansons et nous avions l'impression que ça ne collait pas des masses. Notre ancien batteur était là et je savais que c'était un énorme fan de Fields of the Nephilim donc j'ai chanté un de ses passages préférés, avec cette voix grave et tout... et il était comme un fou : « Ah bon, tu peux chanter comme ça ? On l'utilise ! ». C'est devenu une part très importante de l'identité de Deathstars, mais à la base c'était une blague. Ce n'était pas prévu comme ça au départ.
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